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La pêche blanche à L’Isle-Verte
Par Lise Pelletier, membre de la Corporation de développement économique et touristique de L’Isle-Verte et administratrice à la Société du parc côtier Kiskotuk
La pêche à l’éperlan arc-en-ciel sur la glace est une activité pratiquée depuis très longtemps à L’Isle-Verte et qui profite à la municipalité au niveau économique et touristique. Autrefois la pêche hivernale à l'éperlan arrivait à point quand les réserves de nourriture amassées au cours de l'été commençaient à baisser.
L’éperlan est largement répandu dans les eaux nordiques. Du coté sud du Saint-Laurent, on le retrouve entre Lévis et Sainte-Anne-des-Monts. Il vit en mer et revient à sa rivière natale en eau douce pour y frayer. Il mesure de 18 à 20 cm, son dos est verdâtre et ses côtés sont argentés aux reflets bleus, violets et roses, d’où son nom arc-en-ciel. Sa durée de vie est de 5 à 6 ans et il commence à se reproduire vers l’âge de 2 ou 3 ans. La limite des prises pour la pêche sportive est de 60 poissons par pêcheur par marée et le commerce n’est pas permis. La pêche se fait à la ligne avec des appâts de vers de terre ou de sangsues.
L’éperlan sert de proie aux phoques, aux oiseaux marins (goélands, cormorans) et à plusieurs poissons. On observe, depuis les années ‘60, un déclin de la population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent, qui serait principalement dû à une détérioration des frayères du Bas Saint-Laurent (érosion des berges, sédimentation, prolifération des algues, pollution agricole…). La qualité de l’eau et l’habitat de reproduction sont critiques au cycle vital de l’éperlan. Un plan de rétablissement est appliqué par le gouvernement depuis 2005. Il est donc primordial de protéger l’habitat, par exemple en évitant de jeter des déchets sur la glace et dans le fleuve. Les pêcheurs en seront gagnants aussi!
À proximité du quai de L’Isle-Verte, une soixantaine de cabanes à pêche sont installées généralement vers la mi-décembre. Une ouverture rectangulaire est découpée dans la glace, sous les cabanes qui sont chauffées au bois ou encore, avec une chaufferette au propane. Des lignes sont accrochées au mur et sont plongées directement dans l’eau. Quand la ligne frémit, c’est qu’il y a un poisson qui a mordu! Les cabanes seront enlevées lors du dégel du printemps ou lorsque la pêche deviendra mauvaise parce qu’il y a trop de glace dans l’entrée de la rivière. Les pêcheurs proviennent non seulement de L’Isle-Verte, mais aussi des environs et même de tout l’est du Québec.
Une équipe d’étudiants en vidéo et cinéma du Cegep de Rivière-du-Loup tournera une vidéo les 18-19 et 20 janvier 2019 sur le sujet de la pêche sur la glace. Plusieurs pêcheurs louent leur cabane à pêche aux visiteurs. Pour info : Allez voir les pêcheurs directement sur la banquise! Bonne pêche!
Safari au marais
Par Kathy Beaulieu, agente à la promotion
Depuis le 6 août dernier, des techniciens en aménagement cynégétique et halieutique de la Réserve nationale de faune de la Baie de L’Isle-Verte (RNF) sont affectés à une tâche de travail non conventionnelle. Pendant quatre semaines, ils ont rendez-vous dans les marais de la Réserve, beau temps mauvais temps, avec des visiteurs aux pattes palmées.
Le baguage de canards s’effectue depuis 1996 dans la RNF. Pour pratiquer cet art, un permis délivré par le Bureau de baguage des oiseaux relevant du Service canadien de la faune (SCF) est obligatoire. Jusqu’au 7 septembre, des cages appâtées avec du maïs seront disposées à des endroits stratégiques. La durée d’une tournée des cages varie d’une journée à l’autre, selon le nombre de canards capturés et bagués.
Les conditions ne rendront pas à l’aise qui veut l’essayer et une certaine forme physique est prescrit. Avant de s’aventurer à l’interprétation du baguage de canards, un minimum de confort s’impose. Il faut se vêtir de longues bottes de pêche (prêt sur place), d’un chapeau contre le soleil et surtout, utiliser un bon chasse-moustiques. En compagnie des spécialistes, on arpente avec prudence les marais glissants en évitant de tomber. Les amants de la nature et d’ornithologie ont de quoi être comblés. Le paysage est enchanteur et les observations d’oiseaux sont nombreuses : variétés de limicoles, d’échassiers et d’oiseaux de proie.
Arrivée à la première cage, les canards sont soigneusement manipulés par Jean, Pascal et Sylvain qui recueillent des données concernant l’espèce, l’âge et le sexe de l’oiseau. Les espèces capturées sont variées : sarcelle à ailes bleues, sarcelle d’hiver, colvert, canard noir et canard chipeau. Voir les bagueurs piger les canards dans les cages et les manipuler avec tant d’aisance est plutôt impressionnant. Les techniciens s’amusent à deviner les caractéristiques des oiseaux en analysant seulement la forme de la queue. Jean est maître bagueur depuis plus de 25 ans, une sommité dans son domaine. Quant à Pascal, la relève qui dépasse le maître (c’est Jean qui le dit!), depuis une douzaine d’années.
Avant de relâcher le canard, une bague métallique portant un code unique est posée autour de sa patte gauche. Les informations collectées et le code de la bague qui permet d’identifier l’individu sont acheminés aux biologistes. Ils peuvent ainsi suivre l’évolution des populations de sauvagine qui fréquentent le marais. En s’associant avec d’autres regroupements, ils obtiennent diverses informations dont les trajets migratoires, les aires de nidification, la longévité et le taux de survie. Ces données servent aussi à identifier des milieux essentiels à leur préservation, en plus de définir les saisons et les quotas de chasse.
Viens l’étape ultime où le canard recouvre sa liberté; un instant magique. Il faut savoir que les canards ne demeurent jamais plus de 24 heures en captivité. Ce moment devient secondaire pour les techniciens qui s’empressent à identifier le canard suivant. Lorsqu’ils sont encore trop jeunes pour voler, les canetons sont lancés sur la surface. Les jeunes se précipitent afin de retrouver leur mère, sois en plongeant ou en courant sur l’eau. [Déclenchement de rires amusés J]
Il est possible de vivre l’expérience sans se mouiller. En effet, la RNF propose aussi des activités d’interprétation de baguage de canards pour les petits groupes aux abords de la rivière Verte. Peu importe l’activité, il faut réserver et les places sont limitées (complet pour la saison 2018, mais le parc côtier Kiskotuk propose d’autres activités d’interprétation). À voir les sourires sur leurs jolis petits minois, les élèves de l’école de Cacouna ont adoré leur expérience! Et moi aussi!
Il était une fois 3 filles...
Par Kathy Beaulieu, agente à la promotion
Il y a quelques mois, Tourisme Rivière-du-Loup laissait entendre que les Filles du Nord souhaitaient visiter le parc côtier Kiskotuk. Qui ça?! Elles sont trois filles de l’Abitibi-Témiscamingue : Jenève, Majorie et Maude, toutes diplômées en marketing. Elles sont épaulées par plus de 25 ambassadrices qui ont pour mission la promotion des différentes régions de notre belle Province. Pour leur séjour, Anne, ambassadrice, remplacera Maude.
Le défi : organiser un séjour qui en met plein la vue, et ce, en moins de 48 heures, afin de faire découvrir le grand territoire du parc à trois mordues du plein-air et de la photographie. Voici le résumé d’une fin de semaine inoubliable au parc côtier Kiskotuk.
Pour leur première nuitée, le chalet Verbois du camping rustique des Passereaux est l’hôte du trio féminin. Contre toute attente, des produits artisanaux de L’Isle-Verte font office de bienvenue : une carte personnalisée fabriquée par L’Algue d’or (papeterie) et des savons produits par La Mousse de mer, aux effluves d’ici : foin de mer, marée basse et estuaire. Elles se ravitaillent au Marché Desbiens et fils de Cacouna, achètent une bière locale brassée par la Microbrasserie Aux Fous Brassant, avant un pique-nique à la halte du vieux quai Rivière-des-Vases où elles contemplent le coucher de soleil, la faune, la flore et les paysages. Leur venue coïncide avec la période des perséides; une ambiance magique règne! Un feu de camp les réchauffe sous un ciel étoilé tout en savourant une excellente bière de la Microbrasserie Tête d’Allumette. La table était mise pour une bonne jasette avec quelques résidents du parc.
Le lendemain matin, 6 heures, ascension du sentier de la Montagne du site ornithologique de Gros-Cacouna où elles admirent le sanctuaire des bélugas aux premiers rayons du soleil. Les conditions sont parfaites : marée haute et calme, ciel dégagé et absence de brouillard. Un moment digne d’un bon café fumant et de quelques photos le temps d’une pause au sommet.
À 8h30, rendez-vous à la Maison de la faune de la Baie de L’Isle-Verte pour vivre une activité d’interprétation de baguage de canards (sur réservation, places limitées jusqu’au 3 septembre). Vêtues d’une salopette imperméable, elles marchent à travers le secteur des Roitelets où une quinzaine de cages appâtées ont été installées. Ainsi, les biologistes suivent l’évolution des populations de sauvagine qui fréquentent le marais. En s’associant avec des regroupements semblables du continent, plusieurs informations deviennent disponibles, dont les trajets migratoires, les aires de nidification, la longévité et le taux de survie. Ces données servent aussi à identifier des milieux essentiels à leur préservation, en plus de définir les saisons et les quotas de chasse. Les Filles du Nord font le plein de photos et redonnent la liberté à une douzaine de canards.
Halte collation au Potager Côte d’or de L’Isle-Verte pour goûter à l’excellente crème molle aux fraises maison. Leurs papilles craquent et les nôtres aussi!
Direction Pointe de la Fontaine-Claire à Cacouna pour participer à la cérémonie d’ouverture du Pow Wow de la Première Nation Malécite de Viger et par le fait même, à l’événement Deux Nations une fête. Au menu : soupe 3 sœurs (met amérindien constitué de maïs, courge et fèves), burger d’orignal et salade de fraises aux crevettes. Elles font la tournée des différents exposants artisans, quelques clics et les voilà reparties au quai de L’Isle-Verte.
Elles poinçonnent leurs billets et embarquent sur le NM Peter-Fraser afin de se rendre sur lÎle verte. Leur guide officiel, Gérald Dionne, les attend sur le quai de la Richardière et s’apprête à leur faire vivre les 24 heures les plus photographiées de leur séjour. Elles visitent d’abord le centre d’interprétation de l’École Michaud en compagnie de la mairesse, Louise Newbury, où elles en apprendront davantage sur la vie des insulaires de l’île, d’hier à aujourd’hui. La mousse de mer, la pêche à la fascine et la navigation sont typiques et riches en histoire.
Elles poursuivent le circuit touristique commenté au phare de l’Île Verte, le plus vieux du fleuve Saint-Laurent construit en 1809. Elles visitent la cabane du Criard, le Hangar à l’huile et enfin la tour du phare où elles admirent une vue époustouflante sur l’embouchure du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (pôle de découverte). Cet endroit fabuleux est ceinturé par de grands rochers à escalader, de haies d’églantier à humer et d’une plage bercée par les marées où baleines, bélugas et phoques émergent au large. Les prises de photos sont nombreuses et quitter le site du Phare est déchirant!
Direction Bout d’en haut grâce à Gérald, qui commente plusieurs observations jusque Chez Colette, fumoir artisanal. Avec la réputation que connaît le saumon fumé de la propriétaire, impossible de résister! Depuis 2004, une fumée chaude cuit très lentement l'esturgeon, le hareng, le maquereau et le saumon. Une tradition familiale, dont le fumoir d’origine trône toujours aux côtés de nouveaux fumoirs. Le père de Colette était le dernier pêcheur « à fascines » de l'île. Il plantait une série de pieux dans le fleuve pour former une palissade se terminant par un piège. À marée basse, il cueillait les poissons prisonniers au fond. Dans la même ordre d’idée, le Regroupement pour la pérennité de l’Île Verte s’est vu décerner, par la MRC de Rivière-du-Loup, le Prix du patrimoine 2016 dans la catégorie sauvegarde, restauration et conservation pour la réfection et la mise en valeur de six fumoirs de l’Île Verte.
Le soleil est radieux pour prendre place sur la terrasse du Café d’Alphé, propriété de Donald. Plusieurs insulaires se sont donnés rendez-vous, dont un chansonnier, pour accueillir chaleureusement les Filles du Nord.
Elles filent maintenant vers le nouveau Camping Ô Fleuve en formule prêt-à-camper proposée par Hélène la propriétaire. Le camping est situé au nord de l’île et offre une vue majestueuse sur le fleuve et les montagnes de Charlevoix. Avec un peu de chance, on peut même se réveiller au souffle des baleines. Il y a aussi une mise à l’eau pour les amoureux du kayak. L’endroit paradisiaque est immortalisé par les caméras en feu des filles! Les batteries doivent être rechargées après cette longue et mémorable journée.
Dimanche matin, elles enfourchent les vélos, gracieuseté d’Hélène, afin de terminer leur séjour sur l’île en pleine autonomie. Le cyclisme est la meilleure façon de visiter l’île longue de 12 km, car il permet une contemplation attentive des paysages (apportez le vôtre ou location de vélo sur l'île).
Dernier arrêt du parcours touristique de l’île au Musée du squelette avec le propriétaire, Pierre-Henry Fontaine. Ce dernier est un professeur de biologie à la retraite et passionné par tout ce que peuvent raconter les squelettes sur l'évolution des espèces. Conférencier recherché et consultant dans plusieurs musées nord-américains et européens, il est considéré comme l’un des plus grands spécialistes des baleines du monde occidental. Les filles auraient pu y rester des heures et des heures à l’écouter raconter l’histoire de chaque os qui occupe le musée, mais le temps manque, car le bateau quitte bientôt l’île.
C’est l’heure du dernier repas à la plage du Bout d’en bas : une boîte à emporter du restaurant Entre deux Marées. Le sable est fin et doux. On entend les vagues et souvent, le chant des loups marins qui squattent un rocher au loin. Les habitants s’y retrouvent à l’occasion pour une partie de soccer à marée basse. L’air salin et les sirènes de brumes marquent les mémoires des Filles du Nord avant leur départ.
Plusieurs secteurs du parc restent encore à découvrir au gré des saisons. Émues, enjouées et enivrées, les Filles du Nord font la promesse de revenir et de faire découvrir le parc à leur communauté.